01/07/2024
Tout a démarré par une vague idée en octobre 2020 et se concrétise en septembre 2024 : petite chronologie de L'Hôtel Imaginaire.
Octobre 2020.
Le National Novel Writing Month, challenge annuel d'écriture auquel je participe religieusement depuis 2013, c'est dans un mois. J'ai des idées, des bouts d'intrigues notées dans des carnets, mais aucune ne m'appelle. Moi qui ait découvert il y a quelques années que planifier était source de joie, je suis un peu paumée : sur quoi écrire, cette fois ?
C'est à la faveur d'un retour de courses que j'ai l'illumination. J'entends une pub que je n'écoute que d'une oreille mais les connections neuronales se font et quelque part dans les tréfonds de mon imagination, quelque chose se passe. Je n'en ai plus la trace, mais je suppose que j'envoie à mon amie Pauline une palanquée de longs messages, écrits ou vocaux, qui détaillent tout, et je range mes courses dans le frigo avec la sérénité de ceux et celles qui savent ce sur quoi iels vont bientôt plancher. J'achète immédiatement un nouveau carnet (habitude depuis perdue, maintenant je n'en ai qu'un pour toutes mes idées littéraires), jaune soleil pour contrer le gris de novembre et le froid de ma maison qui n'est pas encore munie de radiateurs fonctionnels (ni d'isolation thermique. Oui, c'était un problème.) Aidée par le Guide de planification officiel du NaNoWriMo, dont j'avais fait cette année-là une traduction pas du tout officielle, je passe le reste d'octobre à tout prévoir.
Moi, mon kif, c'est les tableurs Excel. J'aime le côté rangé de ses cases bien ordonnées, les codes-couleurs faciles à appliquer. Si dans mon carnet, j'ai noté tout le lore de ce roman, c'est sur Excel que je crée mon plan chapitre par chapitre - tout en ayant bien conscience que tout, et surtout ce que je n'ai pas vu venir, va changer entre le moment où je réfléchis mon plan et celui où j'aurais terminé d'écrire ce roman. (Preuve en est, j'avais prévu une bataille épique qui, si à mon humble avis est toujours très épique, tient moins de la bataille à la Seigneur des Anneaux et plus de duels en rangs d'oignons - une super image pour vous donner envie de me lire, d'ailleurs.)
Et donc, ce roman, je commence à l'écrire en novembre 2020, sous le titre de Fées et Gobelin, car pourquoi faire compliqué ? (je déteste juste trouver des titres, en réalité...) Sur Scrivener, mon autre outil d'écriture favori, je tape 50 000 mots en trente jours, no small feat comme on dit de l'autre côté de la Manche, où je me baignais encore à l'époque, d'ailleurs. (J'ai fini par avoir le chauffage, aussi, et je peux vous promettre qu'écrire à côté de la cheminée n'est pas aussi confortable que ce que Pinterest et Instagram voudraient nous faire croire.)
50 000 mots... mais pas de fin. Pas avant...
Mai 2022.
Aidée par l'impulsion de mes ami·es et de l'être aimé, j'ai obtenu une place aux rencontres auteurices/éditeurices organisées par les Imaginales, festival littéraire SFFF d'Épinal. Avant, je retape les 10 000 premiers mots de Fées et Gobelin, à qui je trouve un titre un peu plus vendeur : Bienvenue à l'Hôtel Imaginaire. Je ressors de ces rencontres avec des cartes de visite très précieuses : les personnes à qui elles appartiennent veulent lire mon roman, je n'ai donc plus qu'à le finir. Haha. Ah. Il me faudra un an et deux mois pour arriver à une version finale, une version dont je puisse dire que seule, sans aide professionnelle, c'est le mieux que je puisse faire, une version dont je suis fière... ce qui nous amène à
Juillet 2023.
J'envoie mon roman aux deux éditrices qu'il avait intéressé en 2022. Très rapidement tombe un premier retour négatif et moi, étrangement, ça me soulage. Pas que je ne sois pas prête à voir ce livre prendre son envol (si c'était le cas, je ne l'aurais juste jamais envoyé), mais je ne suis pas prête à l'entrée par la grande porte, si tant est qu'elle existe vraiment, dans l'édition. Ça me fait peur, les grandes maisons d'édition, les machines bien huilées dont on ne sait pas vraiment ce qui cause le mouvement des rouages (l'argent, c'est l'argent), et donc ce refus me soulage plus qu'il ne m'attriste. La seconde maison contactée, pour des raisons fort légitimes que j'ai apprises après, ne m'a jamais répondu.
Par le biais de Charlotte Faraday, talentueuse traductrice et créatrice de bougies géniales, Bienvenue à l'Hôtel Imaginaire est transmis à une troisième éditrice, dont le refus argumenté signe pour moi la fin des aventures éditoriales de ce roman. Je ne compte pas démarcher d'autres maisons d'édition, je ne me pense pas faite pour l'auto-édition, le chemin s'arrête ici et ce n'est pas un drame en soi. Si ce n'est pas pour celui-là, ce sera pour le prochain, peut-être.
Mais l'univers et mes ami·es avaient pour mon avenir littéraire d'autres plans, apparemment, et c'est en la personne de Florence que cela s'est manifesté. Iel m'a parlé d'une éditrice en devenir qui, pour valider son master d'édition, était à la recherche d'un manuscrit fini de SFFF qui correspondait plutôt à ce que j'avais écrit... et Florence a eu raison, car c'est bien mon roman que Léa a choisi.
Octobre 2023 - septembre 2024.
Léa, mon éditrice, et moi avons travaillé longtemps et beaucoup pour arriver à une version finale de ce roman, dont le titre a été un peu raccourci. L'Hôtel Imaginaire va bientôt ouvrir ses portes et il est rutilant, refait à neuf, surtout la façade... Sa couverture est incroyable, sublime, j'en suis fan, tellement fan ! Le travail de Chloé Rousseau-Maurice est tout simplement splendide, et je n'aurais pas pu rêver mieux : d'ailleurs, je n'ai PAS rêvé mieux. (Il se trouve que Chloé aussi, est une amie, excusez-moi d'être vraiment très bien entourée dans la vie.)
En juillet, ce roman sera disponible à la vente. Fin septembre partiront vers les lecteurices les exemplaires commandés (et signés !), et moi... je regarderai tout ça d'un peu loin, à la fois parce que ce livre ne m'appartiendra définitivement plus, mais aussi parce que je serai occupée à en écrire un autre.
J'ai hâte, j'avoue, que L'Hôtel Imaginaire soient entre vos mains et plus dans les miennes. J'espère qu'il vous plaira au moins autant que moi, j'ai eu du plaisir à l'écrire pendant presque quatre ans, que Léa en a pris à l'éditer, et que Chloé en a pris à l'illustrer.
A bientôt dans vos bibliothèques, peut-être ?
Anaïs Coste